Ville romaine autrefois opulente abritait près de 10.000 habitants. Située sur les hautes plaines de Sétif, entre l'Atlas littoral et l'Aurès, la région servait d'oliveraie et de grenier à blé aux Romains.
Construite en 98, Cuicul, aujourd'hui Djemila s'agrandit au 3ème siècle , sous le règne de l'Empereur Caracalla. Au 4ème siècle, la cité se dota d'une Basilique Chrétienne.
La pénétration Romaine du Site s'est faite sans doute par le Nord, dans les dernières années du 1er siècle sous l'empereur NERVA, ce n'est que plus tard (2ème siècle Ap J-C) que les hautes plaines Sétifiennes furent occupées.
Toutes les conditions sur lesquelles se basent la fondation d'une ville étaient réunies: abondance de l'eau, présence d'une carrière pour l'extraction de la pierre, arrière pays fertile, lieu stratégique etc ... Le site actuel est situé en bordure d'une zone préhistorique, le site de AIN LAHNECHE ayant livré l'une des plus anciennes civilisations léthique (industrie humaine des sphéroïdes à facettes dès l'aube du quaternaire, il y a environ un million d'années.
Après avoir été une simple garnison militaire, la ville ancienne habitée par des vétérans des légions, était cosmopolite dès le début, car les inscriptions trouvées lors des fouilles exécutées entre 1910 et 1957 révèlent des origines diverses (de Rome, d'Hippone, de Cirta, de Carthage et même des environs de Danube).
La cité prémitive était ordonnée de part et d'autre d'un cardo principal qui faisait fonction d'axe et autour d'un forum central, véritable centre de la vie politique encombrée de piédestaux honorifiques sur lesquels s'élevaient les effigies des divinités, des empereurs et de personnages importants de la province.
Le Forum était entouré d'édifices publics tels que : la curée où se réunissait le conseil municipal (assemblée des Décurions).
Le Capitole, temple à triple sanctuaire où l'on adorait comme au Capitole de Rome, Jupiter, Junon et Minerve.
Un autre temple dédié à la terre mère Tellius Genetrix ou à Venus Genetrix, Une basilique judiciaire où l'on traitait les affaires et où l'on jugeait les procès, Un marché enfin avec sa cour à colonnades, son pavillon hexagonal et ses 18 boutiques, formées par des tables de pierres dont les tranches et les supports sont ornés de reliefs, Un troisième temple s'élevait dans la partie Sud de la colonie primitive entre le forum et l'enceinte, on suppose qu'il a été consacré au Culte du Dieu protecteur: Mars (du moment que la ville était habitée par des vétérans).
En plus de tous ces édifices publics; cet ancien quartier renferme des maisons particulières très spacieuses et richement ornées de mosaïques, telles que : la maison dite d'Europe, composé de 18 pièces, la maison dite d'Amphitrite, la maison de l'Ane vaiqueur (Asinus-Nica) et la maison de Castorius composée de 27 pièces. Les habitants de Cuicul dant le nombre augmentait (10.000 à 12.000) s'offraient le luxe d'un théatre qui pouvait conenir jusqu'à 3.000 spectateurs, ce dernier a été construit à 150 mètres au delà des remparts vers l'an 160 de notre ère. 25 ans après, sous le règne de l'empereur commode, un bel établissement de thermes d'environ 2.600 m2 était édifié à 200 mètres en dehors de la porte sud sur le prolongement du grans Cardo. Ainsi, tout un faubourg méridional s'édifiait, et le centre d'activité urbaine tendait à se déplacer vers le Sud.
Le déblaiement des terrains indiquait que l'essor architectural s'est porté de préférence des ruines représentant la dernière phase de l'antiquité, mais qui n'était pas des moindres. La période chrétienne a laissé des monuments d'un intérêt capital : Deux églises à cryptes toutes pavées de belles mosaïques, Un riche bestiaire et des inscriptions Une petite chapelle Un baptistère en forme de rotonde accompagné de bains Un vaste ensemble de loisirs et de locaux dont une partie a du servir au logement de l'évêque et du clergé. Jusqu'à 476, une inscription indique que la ville était restée sous l'autorité romaine.
Jusqu'à l'an 553 l'activité, bien que fort diminuée, continuait tant bien que mal ainsi que l'atteste certaines mosaïques au musée échappant à toute datation classique. La ville fondée sous l'empereur Nerva en 96 ou 97 près J.C au même titre que Sétifis a disparu vers le 6ème siècle dans des conditions très floues. Elle paraît avoir été systématiquement pillée puis détruite après avoir été abandonnée par ses habitants. D'autres prétendent qu'elle a disparue ou fortement touchée par le tremblement de terre qu'a frappé la région de Sétif en 519, et d'autres enfin proposent l'hypothèse d'un incendie provoqué par les Donatistes et les tribus Berbères mentionnés dès le 3ème siècle fournissant ainsi les seules données certaines sur les populations autochtones pourtant décelables ça et là à travers les nombreux textes épigraphiques exhumés lors des fouilles qui n'ont guère rendu d'objets d'art exceptionnels, en dehors des magnifiques mosaïques païennes ou paléochrétienne qui ont trait des légendes mythologiques et à une floraison de motifs aussi riches que variés reflétant l'ingéniosité et la parfaite assimilation de l'art classique par les artisants locaux dans le cadre d'une méditerranité encore vivace.
Perdue au milieu des montagnes, isolée de toute civilisation ou presque, Djemila apparaissait brutalement au creux d'une vallée. La nudité aride des montagnes qui l'entouraient frappait l'imagination. Il n'y avait aucun arbre et la terre semblait ne porter aucun fruit. Mon Père m'expliquait alors que la forêt existait du temps des romains, mais qu'à l'abandon de ce lieu par sa population, petit à petit elle disparut, détruite par les troupeaux des bergers qui transitaient par là et dont les chèvres mangeaient les bourgeons terminaux des arbres et aussi par les autochtones eux-mêmes qui faisaient des cannes pour les aider dans leur long périple. Djemila était autrefois entourée de forêts, d'ormes principalement et comme me l'a dit un jour un garde des ruines de Dougga en Tunisie : "...on pouvait aller de Dougga à Djemila, à l'ombre"!!! Il y avait aussi des vignes, témoins d'une vie qui dût être riche et intense. |